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Je souhaite partager avec vous ce témoignage que j’ai reçu d’un papa.
Il est authentique et montre bien que le ressenti du père autour de l’accouchement est différent de celle de la future mère. Mais qu’il est également très intense. Il dénonce également le fait que l’humain est très peu présent dans les maternités et qu’après la naissance, quand médicalement tout va bien, les couples sont laissés à eux-mêmes avec leur nouveau-né.
N’hésitez pas à réagir à ce témoignage à la fin de l’article
Je suis prêt. Cela fait plusieurs jours que le bébé doit arriver, mais il se fait désirer.
L’accouchement pour un papa, c’est abstrait. Le personnel accompagnant, les sages-femmes, les gynécologues et les médecins nous préparent, mais comment être sûr que nous sommes prêts, nous les papas ?
Je suis au travail dans une tour de La Défense, il est 10h30. Je reçois un message de ma compagne qui me dit que, son terme étant dépassé, elle doit aller à la maternité pour vérifier que tout va bien ! Vers 11h30, un nouveau message : « Je vais être déclenchée ». Etrange, je croyais que le bébé viendrait de lui-même ! Bref, me voilà dans les transports parisiens, espérant que tout aille bien pour ma femme. Deux heures de transports, cela permet de réaliser que tout s’enclenche, que ça va venir. De longues pensées dirigées vers l’inconnu, mais je suis prêt, je dois me dois d’être prêt. C’est ce qu’on attend de moi.
Arrivé à la maternité, je retrouve ma compagne sereine (ou c’est ce qu’elle veut faire croire). Le médecin lui a dit suite à sa venue pour un contrôle, qu’elle était inconsciente d’avoir attendu aussi longtemps pour venir. Que le liquide amniotique allait manquer et que le bébé pourrait être en danger. Pour information, lorsque nous avons demandé le dossier de ma compagne quelques mois après l’accouchement, il était mentionné que liquide était présent en quantité normale. (Pourquoi avoir dit ça ? Je me pose encore la question). Ma compagne me donne toutes les informations en cours, que le déclenchement est censé permettre à son corps d’accoucher. N’est-ce pas le bébé qui décide du bon moment ? On lui a dit que cela pourrait prendre 24 à 48 heures.
Bon, je suis prêt, mais je préfère le la version rapide. Impatient, cela fait 9 mois que j’attends de voir ce petit être. C’est tellement abstrait pour le moment ! Je l’ai senti à travers le ventre de ma femme ces derniers mois, mais c’était peut-être un alien, ou un simple jeu… Non c’est un bébé, oui un bébé. Il faut parfois se le répéter pour entrevoir la vérité.
Après deux heures, tout va bien. Nous discutons de l’après, de ce qui nous attend, en marchant. En fin d’après-midi (16H30), ma femme ne tient plus debout. Apparemment, les contractions sont plus douloureuses lors d’un déclenchement. L’aide-soignante, qui accompagne la sage-femme, dit à ma femme d’arrêter de se plaindre, que c’est normal d’avoir mal pendant les contractions, et qu‘il faut se reposer entre les contractions. Branchée au monitoring, ma femme enchaîne contraction et contraction, pas de pause. J’interpelle la sage-femme et elle finit par proposer des solutions pour soulager ma femme. Ma femme a très mal, je me dis c’est normal, puis que non sûrement pas autant. Mais je suis prêt.
L’accouchement se poursuit, je ne reconnais plus ma femme, elle a mal et dit des choses que je ne l’avais jamais entendu dire. Elle veut mourir. Ca me glace le sang.
Le temps s’écoule mais je suis hors du temps. Beaucoup de choses se passent, je perds le contrôle : ma femme voulait que je sois le garant de son projet de naissance mais je perds pied. Ma femme est à quatre pattes, elle cherchait à accoucher de façon la plus physiologique possible. La sage-femme lui dit que ses poussées ne sont pas efficaces et lui demande de se mettre en position gynécologique, sur le dos, « pour l’aider ». Je me rappelle que ma femme ne veut pas de ça. Et là, je la vois qui, avec la plus grande difficulté, se met d’abord sur le côté. La plus grande difficulté, ou bien elle ralenti son retournement avec toute la volonté qui lui reste. Et là, sur le côté, après une énième contraction bien violente, elle pousse et la sage-femme lui dit : « voilà, comme ça, là ça marche ». Après ça, cela a été très vite. Ma femme a rugi, poussé, elle est devenue une guerrière, guerrière qu’elle a toujours été, qui n’abandonne jamais. Elle a poussé, comme dans la mêlée, comme une première ligne (elle joue au rugby).
Et là, un petit être est posé sur son ventre. Deux billes nous regardent, sa petite main droite en avant. Plus rien n’a d’importance, nous sommes là, réunis dans un moment intemporel tous les trois. Magique. Merveilleux.
Mais ce n’est pas fini. Le médecin nous l’enlève : elle est apparemment trop blanche, pourtant déjà pleine de vitalité. Le personnel soignant nous explique que tout va bien, mais que, on ne sait jamais, il faut la surveiller pendant une heure en néonat. On me dit que je peux y aller. Quoi faire ? Laisser ma femme seule avec ses peurs ou aller voir ma fille ? Je décide de rester un peu avec ma femme. Je ne veux pas la laisser toute seule, sachant que personne d’autre n’est là pour elle. Puis, quelques minutes plus tard, je vais voir ma fille qui semble aller à la perfection. Je demande pourquoi la garder si longtemps si tout va bien. On me répond que c’est la procédure. La procédure ne prend-t-elle donc pas en compte l’humain ?
Puis nous sommes à nouveau réunis pour une nouvelle aventure, celle d’être parents. Et ça c’est une autre histoire…
Avec le recul, prêt, je ne l’étais pas ! Et pour plusieurs raisons : il est difficile de prévoir l’imprévisible.
Nous avons, nous les papas, une vision erronée de notre place de par la couverture des médias sur l’accouchement. Il ne faut pas oublier que ce n’est pas le père qui accouche. C’est la femme qui donne naissance. Le papa, s’il souhaite être présent, accompagne, soutien, aide. Plusieurs façons de trouver votre chemin, en accord avec madame 😉
En tant que papa, j’ai traversé tout un tas de grains, d’accalmies, de bourrasques, de tempêtes. Les émotions nous font dériver vers des eaux troubles et inconnues. Quand tout se calme, un ange vous regarde. Cet ange m’a sauvé de cette tempête aux conséquences incertaines.
3 kg, 48 cm, déjà si forte et pourtant si fragile. Ca y est je suis père. Je ne suis pas prêt. Mais mon enfant et moi allons apprendre ensemble…
Merci de ce témoignage bouleversant. Il est vrai que les témoignages des papas sont peu nombreux et celui là montre bien comme il leur est difficile de trouver leur place à côté de toute la technicité des maternités. L’hyper médicalisation de la naissance, si elle prémunit au maximum les risques, ne devrait pas faire oublier à ce point la dimension humaine.