Quel est l’impact du stress ou de l’anxiété sur la grossesse et le bébé ?

Parmi les facteurs que l’on connaît qui peuvent impacter le développement du fœtus, il y a : l’alcool, le tabac… Mais saviez-vous que le stress pendant la grossesse peut également avoir un impact sur le bébé ?

Cela fait une quarantaine d’années seulement que la science a commencé à se poser des questions sur le stress et son impact sur la grossesse, l’accouchement, la croissance du fœtus puis son développement ex-utero. Lorsqu’une future mère est stressée ou angoissée, elle transmet son stress à son enfant et celui-ci peut avoir des conséquences sur le cerveau “immature” du fœtus. Comment est-ce possible ? Les conséquences sont-elles réelles ? Que faire pour ne pas culpabiliser et diminuer son stress si on est enceinte ?

1. Qu’est-ce que le stress ?

Le stress est défini comme étant “l’ensemble des processus d’adaptation tant physiques que psychologiques en réponse à une situation vécue comme agressante, pouvant avoir des déclencheurs d’ordre psychologique (environnement social, familial, économique) ou physique (accident, agression, …)”. Le mot “stress” aujourd’hui englobe le stress, l’anxiété et/ou l’angoisse.

2. Qu’implique le stress, l’anxiété ou l’angoisse lors d’une grossesse ?

Le stress peut être occasionnel ou chronique : durer toute la grossesse ou survenir à certains moments. Le stress dépend de la personne et de son environnement : il peut donc être objectif ou subjectif. Chaque femme enceinte va réagir et ajuster sa vision des choses en fonction de sa personnalité, ses valeurs, ses attentes, son histoire, ses ressources…

Tout stress provoque une libération de cortisol dans l’organisme maternel, hormone qui passe la barrière placentaire (à un taux de 30 à 40%) et parvient dans la circulation sanguine du fœtus. Le taux de cortisol fœtal dépend de chaque individu (femme, placenta, fœtus). Le cortisol est nécessaire au bon développement du cerveau, et augmente durant la grossesse de manière physiologique. Cependant, le “trop” est l’ennemi du “bien” et une exposition du fœtus à cette hormone au cours d’une période sensible de son développement pourrait modifier de manière permanente les structures et le fonctionnement de son cerveau en développement.

Le cortisol n’est pas la seule hormone du stress. Les hormones CHR et ACTH sont également libérées lors d’un stress, et parviennent jusqu’au fœtus. Si cela vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez vous renseigner sur le fonctionnement du système hypothalamo-hypophyso-cortico-surrénalien (HPA).

La période de la grossesse pendant laquelle survient l’anxiété ou l’angoisse semble fortement associée à la nature et à l’ampleur des conséquences pour le futur enfant : plus d’impact sur ses organes (développement cognitif) pour un stress qui survient en début de grossesse, et plus d’impact sur son développement neuro-comportemental si celui-ci survient en fin de grossesse (développement affectif).

3. Quels sont les facteurs de stress chez une femme enceinte ?

Lors d’une grossesse, de nombreux éléments peuvent être stressants ou anxiogènes :

– les tracas quotidiens (relation de couple, travail, ressources économiques…),

– les inquiétudes liées à la santé de son enfant,

– la peur de l’accouchement,

– le jugement ou futur jugement de l’entourage,

– l’angoisse favorisée par l’image que la société lui renvoie de la “bonne mère”.

En conséquence, la future maman peut se sentir physiquement et psychologiquement débordée, impuissante, apeurée, seule.

4. Quelles sont les conséquences sur la grossesse et l’accouchement ?

Les conséquences potentielles du stress pendant la grossesse sont principalement liées à la prématurité : menace d’accouchement prématuré et accouchement prématuré. Le stress ressenti dans les 3 derniers mois pourrait induire un risque 3 à 4 fois plus élevé d’une mise en travail prématurée. Les études montrent également une augmentation du risque de complication obstétricale.

5. Effets sur le fœtus à court et long terme

Le stress de la future maman provoque des modifications dans l’environnement hormonal du fœtus. Ces ressentis peuvent avoir des conséquences à plus ou moins long terme pour l’enfant à venir. Le fœtus soumis à un fort stress aura un risque accru de malformation, de retard de développement, de naître avec un faible poids et avoir du mal à réguler son stress (puisque ses capacités auront été altérées).

D’autres conséquences potentielles neurobiologiques de l’enfant sont liés à une grossesse “sous stress” :

– troubles émotionnels,

– haut niveau d’anxiété,

– troubles de l’attention,

– hyperactivité,

– altération du développement du langage,

– tempéraments plus “difficiles” (comportements agressifs, impulsivité élevée, taux de cortisol important).

Par ailleurs, le stress aurait un impact sur la croissance de l’enfant de sa naissance à l’âge adulte. Si le stress a lieu en début de grossesse, l’impact concernerait la croissance et le développement physique de l’enfant. S’il a lieu en fin de grossesse, la croissance de l’enfant ne serait perturbée que pendant ses premières années de vie.

Pas de panique ! Les effets délétères du stress pendant la grossesse pourraient être modérés par la qualité de la relation d’attachement de l’enfant avec sa mère.

6. Conséquences pour la future mère

La réponse de stress surviendrait lorsqu’une situation est évaluée par la future maman comme débordant ses ressources et pouvant mettre en danger son bien-être. Le fait est qu’une grossesse et une naissance vont certainement modifier cette notion personnelle du “bien-être”. Le stress perçu par chaque femme est différent et cet aspect de la grossesse n’est que peu pris en compte dans les services de périnatalité. Or, comme il a été dit, les études montrent que l’état émotionnel de la mère impacte sur le comportement du fœtus. Les doutes et les peurs de cet évènement aujourd’hui normé par un parcours médical devraient donc être accompagnés.

Déculpabilisez ! De nombreux aspects du développement du nouveau-né et de son bien-être ne peuvent évidemment pas être entièrement liés aux comportements maternels.

7. Quelles sont les actions possibles pour diminuer le stress prénatal ?

Le stress pendant la grossesse est plus ou moins important et plus ou moins bien vécu. Il est important que l’environnement de la future maman soit dans l’optique de favoriser son bien-être, diminuer son stress (ou son ressenti) et par conséquence, diminuer le taux de cortisol transmis à l’enfant qu’elle porte.

Il est important que, si vous êtes enceinte, vous bénéficiez d’une information adéquate, objective, complète et compréhensive sur tous les aspects de la périnatalité. Cela permettra, entre autre, de diminuer votre stress, de vous permettre de faire vos propres choix de façon éclairée et de faciliter votre “empowerment”.

Loin de moi l’idée de faire culpabiliser les femmes qui sont ou qui ont été stressées pendant leur grossesse. Surtout, n’augmentez pas votre stress ! Chacune est différente, chaque chemin est différent. Il est cependant important de savoir quels impacts peut avoir le stress sur le fœtus. Il est nécessaire de faire ce qu’il est possible pour le réduire au minimum, pour le bien de l’enfant à venir, mais également pour la future maman. Si vous êtes enceinte, sachez qu’un accompagnement spécifique par une personne non issue du milieu médical peut être bénéfique. Une écoute, des exercices de relaxation ou de yoga, des actions concrètes à entreprendre pour gérer les émotions, vous faire gagner en confiance, mettre en place des processus pour “travailler” sur le problème qui cause le stress… Tous ces éléments sont importants afin que la sérénité soit votre alliée pour la fin de votre grossesse et votre accouchement.

Vous êtes enceinte ? Vous êtes stressée, anxieuse ? Vous avez des peurs ?
N’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires ci-dessous, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions !

Sources :
Berghänel, Andreas and al. 2017. Prenatal stress accelerates offspring growth to compensate for reduced maternal investment across mammals. Proceedings of the National Academy of Sciences
Huet M., Sellem L., Vaucher F., 2015. Stress et grossesse : impacts et interventions. HESAV – Travail de Bachelor Sage-femme
Larose Couvent M., 2016. Stress prénatal maternel et effets sur le développement de l’enfant : étude bibliographique. Gynécologie et obstétrique
Gallois T., Wendland J. 2012. Effets du stress prénatal sur le développement cognitif et psychoaffectif de l’enfant : une revue de la question

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