10 idées reçues sur la péridurale

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Aujourd’hui, quand on pense à l’accouchement, on ne se pose même plus la question du pourquoi de la péridurale. On vous la propose comme un café tellement qu’il est « évident qu’on va la prendre »… Malheureusement, les médecins ne disent pas tout sur cette technique magique pour accoucher sans avoir mal. Voici 10 idées reçues sur la péridurale qui vont vous montrer qu’elle n’est pas dénuée d’effets secondaires et qu’il est important de savoir dans quoi vous vous embarquerez si vous la demandez.

Mais ne vous dites pas tout de suite que vous allez devoir choisir entre la peste et le choléra ! D’autres techniques permettent de soulager les douleurs de l’enfantement si elles sont trop difficiles à supporter (bien que normalement la nature ait prévu des hormones pour ne pas avoir horriblement mal). Celles-ci sont sans risques, mais je vous en parlerai dans un autre article !

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1ère idée reçue : Avoir une péridurale pour l’accouchement assure qu’on n’aura pas mal

FAUX

En effet, ce n’est pas parce que vous souhaitez une péridurale que vous n’aurez pas mal lors de l’accouchement. Déjà, elle n’est pas posée dès l’arrivée en maternité. Généralement, une dilatation à 4 ou 5 est attendue, donc que les 1ers centimètres et donc les plus durs soient passés… Ensuite, il arrive qu’elle ne puisse pas être posée (en cas de fièvre maternelle par exemple), qu’elle ne fonctionne pas ou qu’elle fonctionne mal (latéralisation entre autres). 10 à 25% des péridurales ne donnent pas satisfaction ! Soit près d’une femme sur 4 !

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2ème idée reçue : La péridurale est une technique anodine, sans risques, et sans effets secondaires

FAUX

La péridurale est une technique d’anesthésie d’une grande partie du corps. Même si elle a été perfectionnée depuis son invention et est aujourd’hui présentée comme tel, ce n’est pas une technique anodine. Elle provoque de petits effets secondaires à plus graves comme mettre la vie en danger de la mère. Voici quelques chiffres pour vous donner un aperçu :

· baisse de tension (50%),

· incapacité à uriner (60%),

· démangeaisons cutanées (60%),

· nausées (5%), fièvre (5x plus de risques),

· détresse respiratoire,

· hémorragie postpartum (2x plus de risques),

· maux de tête aigus postpartum (1%),

· paraplégie (rare),

· décès (2 à 3 femmes par an en France)

Des études montrent que plus de 70% des femmes auraient des effets secondaires décelables directement liés à la péridurale. Alors, sans risques la péridurale ?

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3ème idée reçue : La péridurale n’a pas d’impact négatif sur le travail

FAUX

Le soucis avec la péridurale est qu’elle transforme un évènement physiologique en procédure médicale. A partir de là, les hormones naturellement présentes lors de l’accouchement sont perturbées et ne peuvent plus garantir un travail efficace. De nombreuses études ont calculé un temps de travail plus long de 20 minutes à 2h ! Par ailleurs, en fonction du dosage de la péridurale et de l’effet qu’elle a sur votre corps peut faire augmenter le risque d’extraction instrumentale et de césarienne. Pourquoi ? Car comme les hormones physiologiques sont perturbées, le réflexe de poussée peut se trouver inhibé et la poussée « sur ordre » n’est pas toujours efficace.

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4ème idée reçue : La péridurale n’a aucun impact sur le bébé

FAUX

On sait que certains produits injectés à la mère au cours de la grossesse et de l’accouchement traversent le placenta. Les molécules qui composent les produits de la péridurale ont malheureusement une taille que le placenta laisse passer. Ces différents produits peuvent avoir de nombreux effets divers et variés sur l’enfant à naître ou qui est né. Les hormones que le bébé sécrète au cours de sa naissance sont perturbées : la sécrétion de ses endorphines est inhibée, le bébé n’a donc plus son « anti-douleur » naturel.

Par ailleurs, vu que la péridurale a un impact sur la maman, le bébé peut en pâtir : une expulsion plus longue cause une naissance plus difficile et donc un risque plus élevé de détresse fœtale. La position généralement sur le dos de la maman diminue l’apport d’oxygène au cerveau du bébé. Si des instruments sont utilisés, les risques de blessures, d’ecchymoses ou d’os du crâne déplacés sont également plus importants. Le taux de jaunisse est également plus élevé chez les bébés dont la mère a bénéficié d’une péridurale.

Enfin, les dérivés morphiniques souvent utilisés dans les produits de la péridurale peuvent impacter les neurocomportements du bébé : difficultés à téter, plus de pleurs les premières semaines de vie…

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5ème idée reçue : Avoir une péridurale permet d’éviter anesthésie générale en cas de césarienne

FAUX et… VRAI

Cela dépend de l’urgence à faire la césarienne. Si c’est une extrême urgence, l’anesthésie générale sera réalisée, peu importe s’il y a une péridurale ou pas. Si l’urgence est relative, les produits de la péridurale sont réinjectés pour pouvoir faire la césarienne. Si la mère n’est pas sous péridurale, une rachianesthésie sera posée afin qu’elle puisse être consciente au moment de la sortie de son bébé.

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6ème idée reçue : L’accouchement sous péridurale est un accouchement sans péridurale avec la douleur en moins

FAUX

Certaines mères témoignent d’une superbe naissance grâce à une péridurale qui a été bien dosée : elles n’avaient pas mal mais sentaient quand même ce qu’il se passait en elles. Malheureusement, ce n’est pas le cas de toutes les mères et beaucoup déplorent une naissance trop instrumentalisée, induisant un sentiment d’incompétence. Une étude montre que l’utilisation d’analgésie n’augmente pas la satisfaction de l’accouchement, même lorsqu’elle est efficace.

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7ème idée reçue : L’utilisation de la péridurale permet une meilleure récupération après l’accouchement

FAUX

Encore une histoire d’hormones que la nature a prévu vs les effets secondaires possibles de la péridurale. Le corps doit s’occuper de récupérer de l’anesthésie, de « gérer » tous les produits injectés, en plus de mettre en place la lactation, le lien avec le bébé etc. Donc même si elle permet, pour les accouchements longs, à la mère de se « reposer », elle a un impact également sur l’après-accouchement.

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8ème idée reçue : La péridurale est le seul moyen de ne pas avoir mal pendant le travail

FAUX

Evidemment, il n’est pas obligatoire d’avoir mal pendant l’accouchement ! Et même si “péridurale” est le mot que l’on entend de toutes les bouches, elle n’est pas la seule à pouvoir soulager la douleur au cours de l’accouchement. A travers une préparation à la naissance spécifique mise en application le jour j (sophrologie, haptonomie, chant, lâcher prise…), vous pouvez ne pas avoir aussi mal que ce que vous en a dit votre mère ou vos amies ! D’autres techniques peuvent être utilisées le jour j comme par exemple acupuncture ou l’homéopathie.

Certaines mères gèrent les contractions « facilement » et ne les subissent pas. Comment font-elles ? Presque 100% d’entre elles laissent simplement leurs hormones faire leur travail et ne se laissent pas envahir par la douleur qui ne se transforme pas alors en réelle souffrance. Elles sont dans leur bulle grâce aux endorphines (sécrétées si pas d’analgésie ni de stress ambiant), bougent dès qu’elles en ressentent l’envie et ont un soutien moral à leurs côtés si elles en ont besoin.

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9ème idée reçue : La péridurale est très conseillée lors d’un accouchement par le siège, pour des jumeaux ou « par les reins »

FAUX

Et oui, quoi qu’en disent certains, la nature a prévu ce qu’il faut pour que le corps de la mère puisse faire sortir le bébé qu’il porte sans qu’un médecin doive forcément s’en occuper ! Si une péridurale est posée d’office dans l’un de ces cas, il faut savoir que le bébé est 4 fois plus susceptible de rester tête en haut lors du dernier stade du travail. En effet, le bébé n’est plus guidé comme il faut par les muscles qui, exposés à l’analgésie péridurale sont engourdis et donc moins performants (sans parler du changement de positions compliqué pour la mère dès qu’elle est sous péridurale et qui influence également ce guidage). Le bébé est donc moins bien guidé et a plus de risques de ne pas finalement trouver la bonne position pour sortir. Et une mauvaise présentation diminue la possibilité d’avoir un accouchement sans extraction instrumentale ni césarienne.

Pour faire simple, si votre accouchement se présente avec ce genre de « difficultés » : il faut bouger, se mettre à 4 pattes, changer de position régulièrement… et ne surtout pas se mettre sur le dos.

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10ème idée reçue : Un accouchement sous péridurale ou sans péridurale est le même pour l’équipe obstétricale

FAUX

Une femme qui accouche sans péridurale doit être accompagnée, et donc être en permanence avec une sage-femme. Celle-ci devra potentiellement, écouter, masser, chercher des solutions aux demandes de la mère, s’adapter à la mère et à son accouchement.

Une femme qui accouche avec péridurale est uniquement liée à des « techniques » et celles-ci faciliteront les interventions médicales (injection d’ocytocine de synthèse, extractions instrumentales). Egalement, un accouchement sous péridurale permet de faciliter la gestion des emplois du temps et du personnel médical. Mais est-ce cela à quoi doit être rattaché une naissance ?

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Pour conclure, en plus d’être une technique non garantie, la péridurale n’est pas sans risques pour la maman et son bébé. Elle n’est même pas recommandée par l’OMS en tant que « soin bénéfique pour une expérience positive de l’accouchement ». A vous donc de savoir où vous mettez les pieds et de faire votre choix en connaissance de cause. Mais soyez-en sûr(e)s, les mères qui accouchent sans péridurale ne sont pas des sado-masos ! Elles se font confiance et se laissent bénéficier de leurs hormones naturelles dont l’ocytocine et les endorphines : hormones de l’amour et du bien-être !

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Et pour vous ? Péri ou pas péri ? Racontez-moi votre choix dans les commentaires ci-dessous !

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SOURCES :

B. POITEL, Péridurale, choisir en connaissance de cause.

S. BUCKLET, trad. S. DUPRAS, Les risques cachés de la péridurale (ou épidurale)

C. GERBELLI, La péridurale, 2001

Organisation Mondiale de la Santé, Recommandations de l’OMS sur les soins intrapartum pour une expérience positive de l’accouchement

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